Méthodologie de travail
Conservation
de la couche picturale

En tant que restauratrice des biens culturels, Cécile Charpentier a toujours le souci d'observer, avec la plus grande rigueur, les principes propres à son métier : stabilité, réversibilité, lisibilité. La restauratrice ne procède qu'aux interventions indispensables à la survie de l'œuvre et toujours dans le respect absolu de celle-ci.

Cécile Charpentier choisis toujours les matériaux les plus adéquats, les solvants ou les mélanges de solvants les plus appropriés et les méthodes les plus scientifiques pour garantir la sauvegarde de la peinture. Etant donné qu'elle travaille sur des couches picturales de différents types et époques, elle tente, avant toute restauration, de repérer les matériaux qui composent la couche picturale et elle étudie avec soin les anciennes interventions.

Cécile Charpentier n'entreprends que des opérations dont la réversibilité et la stabilité sont parfaitement assurées.


1. Documentation photographique

Avant toute intervention, des photographies sont prises : vue générale et détails avant traitement. Ces photos sont numérisées et les images sont traitées de façon à être le plus proche possible de la réalité.

2. Dépoussiérage

Un dépoussiérage de la totalité de la surface de l'œuvre est effectué à la brosse souple (pinceau japonais ou chinois en poil de chèvre), accompagné si nécessaire d'une légère aspiration du revers de la toile ou du bois.

3. Décrassage

Les essais des tests de décrassage sont soumis au donneur d'ordre avant le démarrage proprement dit du traitement. Cette opération est menée avant le dévernissage. Le choix d'une technique la moins agressive pour l'œuvre est toujours retenu : une solution aqueuse ou un solvant léger.

4. Allègement du vernis ancien

Les vernis anciens qui recouvrent les couches picturales nécessitent un allègement minutieux qui ne doit pas attenter à l'intégrité de l'œuvre. Ainsi, pour ne pas mettre en péril les glacis de surface et conserver la tonalité chaude et dorée de certaines peintures, il est nécessaire de préserver un voile de vernis ancien. Il faut parfois procéder à un allègement circonspect en faisant très attention aux glacis et aux laques transparentes.

Avant de procéder à l'allègement du vernis, les tests d'usage sont effectués avec des solvants ou des mélanges de solvants.

Le vernis ancien est allégé de manière sélective : plus poussé dans les zones où les blancs et les tons clairs dominent, moins prononcé dans les zones d'ombres et là où les teintes sont plus foncées.

5. Suppression des repeints

Dans un premier temps, les zones sur lesquelles sont posés les repeints sont délimitées. Les repeints peuvent couvrir des mastics posés sur des accidents, et parfois déborder sur la peinture originale. Une série de tests est donc effectuée dans différentes zones du tableau. Ensuite, en accord avec le donneur d'ordre, on procède à la purification de ces repeints, soit avec des solvants adaptés, soit en procèdant à leur élimination par dégagement à sec au scalpel sous loupe binoculaire, après ramollissement avec un solvant.

6. Traitement des mastics

En ce qui concerne les mastics anciens qui débordent sur la couche picturale, il faut soit les amincir en les ragréant, soit les éliminer. Pour ce qui est des mastics à réaliser pour combler les lacunes, le matériau le plus adapté à la préparation d'origine est choisi. Ces mastics sont ensuite reconstitués avec impression de toile et recréation du réseau de craquelures de manière à obtenir un état de surface homogène sur l'ensemble de la couche picturale.

7. Réintégration picturale

Pour les repiquages d'usure et la réintégration picturale de type illusionniste, destinés à combler les lacunes, les couleurs Maïmeri sont utilisées, diluées dans le Diluente Nitro. Pour les reconstitutions picturales de parties manquantes, les même couleurs sont utilisées, diluées dans du diacétone-alcool et éthanol, moins volatils et qui permettent d'effectuer des modelés. Le travail est réalisé par glacis en reproduisant le plus possible la matière originale. Pour les primitifs italiens, la technique a tratteggio avec les couleurs Maïmeri est également employée, ou bien l'aquarelle suivant les cas.

8. Vernissage

L'utilisation d'un large spalter permet de bien étendre et égaliser le vernis sur toute la surface picturale, afin de commencer la retouche et d'avoir exactement la brillance désirée. L'emploi de différents vernis, soit à base de résines naturelles pour les tableaux anciens, soit à base de résine synthétique acrylique pour les tableaux plus récents, généralement du vernis Glossy Talens dans du white-spirit. Le vernissage final peut être réalisé à l'aide d'un aérographe pour projeter le vernis.

9. Refixage

Les soulèvements ponctuels et les zones soulevées sont traités avec un adhésif compatible avec les éléments constitutifs de l'œuvre. Ces opérations sont menées parallèlement avec celles requises par le support (rentoilage, doublage...). Les adhésifs seront choisis en fonction de l'aspect de la couche picturale et de la constitution du support.

10. Rédaction et remise au client du compte-rendu de restauration

Un dossier photographique détaillé, ainsi qu'une notice sur les produits utilisés, sont établis et remis avec le rapport des opérations de restauration.


E. Boudin
Peinture d'Eugène Boudin en cours de nettoyage

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